Paris-Goutte d’Or, la ville informelle

Des hauteurs de la butte Montmartre, les toits de Paris s’offrent aux regards des promeneurs. Rien ne laisse deviner ce qui se passe au plus près du sol, une autre ville, dense et encombrée, conflictuelle, voire invivable, disent certains.`
« C’est trop bruyant, ma fenêtre donne sur la rue au 1er étage et j’entends tout de chez moi », me dit un habitant de la Goutte d’Or, le « quartier africain » de Paris ancré au pied de la butte. Ici, la contrefaçon s’étale sur les trottoirs. La métropolisation se fait par le bas, « au ras du sol », du commerce des biens à celui des corps.

Certains souhaiteraient « désenclaver » le quartier, y « réintroduire de la diversité » pour en faire un quartier populaire mixte, multi-ethnique, mais sans l’empiétement sur l’espace public, sans les rondes policières traquant les vendeurs à la sauvette.

Pourtant, ce sont ces pratiques informelles qui protègent les plus précaires dans un système incapable d’offrir un emploi aux personnes sans droit de séjour.
La Goutte d’Or devient alors un point d’entrée dans la capitale, où l’on peut trouver du soutien et du travail grâce aux compatriotes rencontrés sur place. « Je suis venue ici car je connais des gens qui pourraient m’héberger », me confie une jeune femme. 

Sans domicile, beaucoup louent des chambres à la nuit dans les hôtels environnants : « Je vois des retraités ici qui n’ont presque pas de pension, n’ont pas d’argent pour retourner au bled. Et qui paient 35€ par nuit ici. Eh bien ils finissent chez les assoc’. »
Nomades à l’intérieur de la ville, ils sont nombreux à errer d’hôtel en hôtel dans les rues de la Goutte d’or, le dôme du Sacré-Cœur à l’horizon comme un mirage, une destination improbable.  


« Vers la ville accourt, en elle se condense tout ce que contient l’espace. Tout ce qui se produit dans le monde, les biens, l’argent, les hommes.
Elle les accueille, elle les concentre
. » (Henri Lefebvre, « Le Droit à la Ville »)

 

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